Daby Touré, parrain de l’Espace Aduna’m

Après une visite à l’espace Aduna’m en mai 2023, Daby Touré a accepté d’en devenir le parrain.
Portrait d’un musicien hors normes.

Daby Touré, vous avez grandi entre la Mauritanie et le Sénégal, vous avez plusieurs cultures ?

Oui, je suis né en Mauritanie, et à 3 ans mon père m’a envoyé loin de ma famille, en Casamance [sud du Sénégal].
Je suis passé par Dakar, revenu en Mauritanie ; j’ai également passé quelques années dans le Fouta, la même région qu’Adunam, mais de l’autre côté du fleuve, le côté mauritanien.
Dans tous ces endroits, et dans les zones rurales en particulier, j’étais en contact avec la musique.
On l’écoute, elle est partout présente, et j’ai commencé à fabriquer mes percussions, au départ seulement avec quelques morceaux de carton.
La nuit, dans les villages en Afrique, l’ambiance est unique, et la musique prend des dimensions mystiques.
Pour moi la musique est vite devenue une évidence.


Puis je suis arrivé en France à 18 ans, et c’était une autre transformation.

L’histoire de mon enfance, c’est celle de l’adaptation, à d’autres personnes qui t’élèvent que les membres de ta famille, à d’autres langues.
Je parle ainsi wolof, peul, soninké, arabe ; aujourd’hui, je parle français, anglais…
j’ai passé mon temps à apprendre la langue des autres pour m’adapter.
Cette enfance a été difficile, mais ça a créé ma personnalité et a inspiré ma musique.

C’est pour cela que ma musique est très large, qu’elle possède plusieurs berceaux. Elle traite de nombreux sujets et parle à beaucoup, parce que je suis de plusieurs endroits.


« Être quelqu’un, ce n’est pas forcément être né quelque part.
C’est ce qui t’entoure qui fait de toi ce que tu es »

Daby Touré, Musicien

Vous vous êtes rendu à l’espace Aduna’m, racontez-nous.

Oui, c’était en mai dernier, avec l’association Sahel ouvert. J’étais dans la région en résidence artistique pour créer des morceaux avec des musiciens locaux, le groupe Daande Maayo et je suis allé visiter le site.
J’ai été fasciné par ce qu’Issa et Johanna ont réussi à faire sur quelques années.
La zone est verte, il y a plein d’arbres, on voit que tout peut pousser, même au Sahel.
Des gens comme Issa sont très inspirants pour les africains, cela montre que les choses sont possibles.
C’est plus efficace que 1.000 discours.
Avant de voir Aduna’m, je voulais faire la même chose au Sahel. J’ai discuté avec les gens, je suis allé voir le maire du village : là, on voit un exemple concret, ça donne envie de faire des choses et cela montre que c’est possible.

Qu’avez vous fait avec les musiciens locaux ?

On a joué ensemble, on a écrit des chansons ; je les ai enregistrés avec mon propre matériel, sur mon ordinateur qui surchauffait à cause de la température !
Je suis en train de tout monter et on va sortir un morceau.
Cela a aussi permis de montrer aux jeunes musiciens comment on faire un morceau, qu’on le produit et comment on le raconte ;
Mon idée, c’est de monter un label et de continuer à faire ce genre de projet avec des jeunes.
C’est ça mon rôle, aider les musiciens qui débutent et parrainer les initiatives positives comme celle d’Aduna’m.
Je suis allé en Palestine il y a quelques années, j’y ai joué, mais mon but n’était pas d’apparaître sur les réseaux sociaux ou de m’en vanter.
C’était de rencontrer des gens et de les aider à travers ce que je sais faire, la musique.

Quels sont vos autres projets à l’heure actuelle ?

J’ai plein de projets, je suis en train d’écrire un album, je programme des tournées, notamment avec mes cousins où l’on reprend l’héritage de nos parents (le groupe Touré Kunda).
J’écris la musique pour un documentaire qui se passe dans les mines au Congo.
Des images très fortes, pas de commentaires mais uniquement des dialogues de « vraies » personnes, des mineurs, avec une bande-son, comme un film.
Un superbe projet, très fort, qui parle de l’Afrique comme j’aime : pas de pathos, mais du réel.
Je m’occupe de mes enfants aussi, c’est un vrai boulot. Je n’ai pas envie de regretter plus tard, et de me retourner sur ma vie en me demandant qu’est ce que j’ai fait.
J’ai plein de projets, mais j’essaie de me tenir éloigné du star-system.

Merci Daby Touré ! Et merci de soutenir le projet Aduna’m. tu es toujours le bienvenu ici.

Si vous avez un projet de résidence artistique, vous pouvez privatiser l’espace Aduna’m.

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