Des jeunes musiciens réunionnais à la recherche de leurs racines

Pouvez-vous en dire plus sur vous ? Qui êtes-vous ? D’où venez vous ? Votre parcours ?

Je suis Mohammed Ali Fida, professeur de percussions africaines et de maloya à Lecol mizik trad à la Réunion ; j’ai emmené 9 élèves musiciens, entre 8 et 13 ans, en stage d’immersion et en voyage culturel au Sénégal.

L’objectif de ce voyage, c’est de se reconnecter à la Terre mère. A la Réunion, il y a une très grande diaspora africaine. Mais les enfants de la diaspora n’apprennent pas l’histoire de leurs ancêtres. Ils sont centrés vers l’Europe, sans connaître l’identité africaine.

groupe sejour senegal

Les jeunes musiciens viennent au Sénégal pour connaître l’histoire de leur musique. Dans quel cadre elle est née, comment elle a été créée et comment on a su conserver ce patrimoine.

Pourquoi avez-vous décidé de venir au Sénégal ? Pourquoi chez Aduna’m ?

Cela vient de l’histoire : la princesse soninké Niama, qui vient du village de Touabou au Sénégal, a été capturée en tant qu’esclave. Elle est passée par l’Ile de Gorée, le Cap, Madagascar, et l’Ile de France (Ile Maurice) pour arriver à Saint-Pierre, à la Réunion, là où habitent nos jeunes.

Ils sont donc en quelque sorte les descendants de la princesse Niama, et viennent visiter leurs racines et leurs ancêtres au Sénégal.

arbres senegal
Plantation d’arbres dans l’espace Aduna’m

Nous sommes venus en particulier dans l’espace Aduna’m également dans l’idée de se reconnecter à la terre. La question de l’autonomie alimentaire et de l’agriculture est centrale chez Aduna’m, et je trouve très important que les jeunes sachent d’où vient ce qu’ils mangent. A la Réunion, plus grand-monde ne cultive son potager et ses légumes, alors que c’est primordial, surtout sur une île. Un modèle tourné vers l’importation, au Sénégal ou à la Réunion, ne marche pas très longtemps.

Vous avez passé 10 jours au Sénégal. Qu’avez-vous fait ? Qu’y avez-vous découvert ?

On a fait beaucoup d’échanges avec les artistes, en jouant du maloya et eux jouaient la musique traditionnelle. Dans un village voisin, on a fait de la musique avec les femmes qui jouent avec des bassines. On est aussi partis à la découverte de l’histoire du pays, à Saint-Louis, sur l’île de Gorée, à Dakar dans la Maison des Civilisations…

Sur l’île de Gorée, on a également échangé avec des capoeiristes, et fait de la musique en hommage aux esclaves qui sont partis de là. Un moment fort pour ces jeunes qui ont tous du sang africain qui coule dans leurs veines, des enfants de la diaspora.

Qu’est ce qui a étonné ces jeunes en venant ici ? Qui vous a étonné ?

En premier lieu, c’est leur capacité d’adaptation. Ce sont des jeunes très connectés, qui vivent avec leur temps. Ici, ils n’avaient pas Internet, pas de téléphone mais ils s’y sont très bien faits.

Les jeunes ont été étonnés par les modes de vie des familles dans les villages, qui ne vivent avec presque rien mais qui ont des échanges très forts avec leur famille, avec les anciens…

maloya reunion senegal

Ils se sont aussi beaucoup questionnés sur leur identité et beaucoup appris de leur histoire, qu’ils n’apprennent pas à l’école. Pour eux l’esclavage c’était très abstrait, presque comme un mythe ! Alors qu’ils ne sont que la quatrième génération d’hommes libres. Ils s’interrogent sur leur métissage et son ambivalence : suis-je un colon ? Un esclave ?

Ils avaient aussi beaucoup d’idées reçues sur l’Afrique, que l’on a en habitant à la Réunion, et se sont rendus compte qu’en fait nous sommes de la même famille.

C’est important pour les jeunes de savoir d’où ils viennent, pour mieux savoir où ils vont !


Avez-vous un message à faire passer à des groupes qui voudraient faire comme vous ?

J’aurais un message plus global pour la diaspora africaine, que j’incite à venir faire ce voyage. Cela donne une ouverture d’esprit et des pistes pour se comprendre. On comprend mieux les sacrifices de ses parents, qu’ils soient issus d’esclaves ou de l’immigration. On comprend que rien n’est dû, et qu’on a un devoir envers eux.

Les jeunes qui sont venus ici ont une autre vision de leur identité. Ils comprennent qu’ils sont français, mais auront une vision d’émancipation grâce à la valorisation de leur identité africaine.

Vous aussi, vous souhaitez organiser un voyage d’immersion pour un groupe ? Contactez-nous : aduna[at]hotmail.fr

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Issa Diallo & Johanna Just

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